Tapis - de Hammou Dabouz

Le tapis, comme les autres domaines artistiques, est un objet d’art dont le savoir est exprimé à travers les motifs qui peuvent de leur tour donner même l’origine de la famille, de la tribu et/ou de la région dont est originaire le produit.
Il parait qu’à l’écart des civilisations de l’antiquité, le tapis amazighe, en Afrique du Nord, a gardé son cachet original et une authenticité incontestable. Ce qui le prédestine à l’explication des symboles –lettres qui remontent aux temps préhistoriques. Ces motifs-lettres furent-ils le résultat d’un art pariétal et/ou d’un artefact de l’évolution des premières cultures de l’Homme préhistorique ?
Outre les fresques, les gravures rupestres aussi bien que la poterie, le tapis du Mzab, d’une beauté sans égal, est de nos jours l’ultime témoignage authentique de ce monde qui remonte à la nuit des temps. La femme, au long des millénaire, a entre autres transmis à travers le tapis un langage abstrait et géométrique en rapport direct et/ou indirect avec sa vie.

Quelques sens-messages apéritifs :

Sur un tapis, les lignes brisées, les losanges, les chevrons, les croix (ces croix typiquement amazighes, une fois au centre du tapis, rappellent l’architecture de l’Aeɣrm), les croisillons, les peignes, les étoiles, les damiers sont les motifs les plus reproduits. Dans une position composée, les losanges incarnent des scarabées ou des scorpions. Dans une position libre, le losange incarne l’image de l’œil qui protège des mauvais sorts. Les motifs en forme de rameaux expriment une situation de difficulté ou de complexité, le danger, mais aussi les végétaux et l'arbre de vie. Les peignes dans des positions isolées ou réciproques rappellent les instruments utilisé dans le métier à tisser. Les papillons sous forme de 2 triangles mis en contact par leurs pointes, sont des fleurs ou des étoiles, symboles de la beauté féminine. Les lignes brisées en forme de zigzag continu cernent bien souvent un tapis. Ces lignes peuvent incarner l’image d’un ruisseau. Ce ne sont que quelques petites bribes de connaissances. Le sujet doit être beaucoup plus profond et bien très vaste.

Dans le tapis supra, le motif-lettre le plus remarquable est la lettre Tifinaɣ qui s’appelle « aza » (tassezt), forme de la statue humaine. Elle peut donner l’image de la femme libre dans son espace, avec les 2 pieds et les 2 bras levés qui prennent bien l’allure de ladite lettre Tifinaɣ.
Le sujet étant évoqué, je voudrais lancer une petite enquête pour arriver à cerner les sens exacts que les tisserandes du Mzab donnent à ce motif-lettre (tassezt). Y-a-il des personnes qui pourraient et voudraient collaborer en ce sens et que je remercie à d’avance ? Et comme le dit le proverbe : « l’appétit vient en mangeant » et l’envie d’une chose vient en la pratiquant.

 

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